Mots du libraire

La sélection de Francois

  • Départs de feu

    Olivier Cadiot

    Coup de coeur

    Départs de feu d’Olivier CADIOT aux éditions P.O.L.

    Les éditions P.O.L. continuent leur route littéraire et non du roman après le décès
    de leur fondateur. 

    Olivier Cadiot en serait une des figures de
    proue, un « historique » si l’on préfère, fidèles d’entre les fidèles depuis
    sa première publication en 1988 soit 5 ans après la naissance des « Paul
    Otchakovowsky Laurens » que nous sommes encore nombreux à
    écorcher le nom, lui-même considérant plus simple un acronyme plus seyant à l’oreille - voilà ce que c’est que d’avoir des origines moldaves.


    Olivier Cadiot donc et son Art poétic’ de 1988 qui le définissait d’emblée et qui 37 ans
    plus tard continue d’affirmer son hybridation résolue et la sensation d'une écriture rapide comme un torrent avec l’ivresse de partir vers nulle part et avec la certitude d’y trouver un sens.


    Cadiot Olivier, également auteur de Futur ancien fugitif (1993), du Colonel des zouaves (1997) et du
    Retour définitif et durable de l’être aimé (2002) (dont l’auteur de ces lignes s'est
    senti immédiatement proche) demeure un inclassable essentiel, une
    sonde experte de l’âme humaine, la sienne et toutes les autres, considérant que l’expérience
    d'une vie est toujours à faire et à dire : unique, incertaine, palpitante.


    Alors comment résumer Départs de feu ? Bien habile qui y parviendrait. Il s’agirait
    d’accompagner cet art de l’écriture qui mène à un paysage de sensations et de souvenirs dispersés dans le temps. L’utilisation du journal comme procédé quoique fantasque demeure pour autant précis, il consigne les élans
    d’un homme quelque peu déboussolé par des connaissances acquises au gré de ses
    voyages, de ses rencontres et des époques.

    Citons-le !

     

    « C’était une vraie forêt, cette forêt. Et le bungalow était introuvable.
    On voit de loin un type assis sur le talus.
    C’est rare de voir quelqu’un assis dans l’herbe tout seul à ne rien faire.
    C’est Stanley et Livingstone, je lui dis en riant.
    Ça va ?
    Vous avez l’air tourneboulé.
    Vous devez avoir vraiment chaud habillé comme un oignon comme ça. Même si
    c’est l’hiver ici en plein été.
    Attendez, je lui dis. Ne vous déshabillez pas quand même si vite, on n’est pas à
    la presse.
    C’est intrigant quand même de voir un type dans cette situation.
    Il ne se repose pas.
    On dirait un promeneur... un randonneur ne resterait pas là en train de fixer
    l’herbe. Un sportif ?
    C’est impossible, un vrai sportif, c’est quelqu’un qui, attendant au feu rouge,
    avant d’arriver au parc, court sur place, ouf, ouf.
    Alors vous voulez écrire ? Il me demande comme ça.
    Oui, je lui réponds, bien sûr.
    Ça tombe bien, il me faillait un disciple. Je suis tellement triste, ça va me faire
    du bien, je ne sais pas ce que j’ai à être triste comme ça. Ce n’est pas la peine

    de tortiller du cul, je suis vraiment triste.
    C’est vrai, on dirait que c’est éternel ici ? Non ?
    Une sorte d’éternité ?
    L’inoubliable.
    Quelque chose survit au passage du temps.
    Tout conspire.
    Au moment de mourir, on peut se dire que tout ce qu’on a fait contient aussi ce
    qu’on a pas fait.
    C’est formidable non ?
    Ça ne veut pas dire refuser de faire une chose pour en accepter une autre.
    C’est le contraire : le non-fait s’infuse dans le fait.
    Ce que tu as fait contient plus que ce que tu fais.
    Donc aucun regret.
    Alors pourquoi je suis si triste ? La seule chose qui ne peut pas être détruite,
    c’est la puissance de vie.
    Vous l’avez cette puissance, mais oui, ne vous inquiétez pas, je lui dis
    gentiment.
    Je vous appelle George.
    Ça vous va ?
    Ça me simplifie.
    Je vous passe sous silence les longs mois passés avec ce poète des bois. Au
    début, j’ai marché avec lui complètement. »

    Francois

  • La Face Nord

    Jean-Pierre Montal

    Coup de coeur

    Leur rencontre a lieu à la sortie d'un film

    Leur rencontre a  lieu à la sortie d’un film ce qui tombe plutôt bien car ils en sont deux inconditionnels. Elle s’appelle Florence, lui Pierre. Tout cela semble avoir été mille fois dit et cela est vrai mais cela n’empêche pas de recommencer mille fois encore l’histoire tout comme on peut revoir mille fois un film. Ce qui est le cas pour ces deux-là. Elle et lui, c’est aussi deux acteurs Deborah Kerr et Cary Grant en 1957, jouant un film d’amour (manqué). Voilà ce qui va réunir Florence et Pierre et l’on comprendra plus tard combien Florence est  une adepte des « décisions difficiles ». Il n’en faudrait pas plus sauf que le point de vue de Florence se considère mieux à l’aune des années qui la sépare de Pierre, à peu près vingt ans. Mais ce serait sans compter un antécédent qui s’est déroulé à Vienne en 1974 lorsque la jeune Florence rencontra Egon Dartman vieil auteur autrichien dans le cadre de ses études. Partant de ce que Pierre apprendra de ce qui se passa dans la vie de Florence cette année-là, l’attitude des deux personnages est précieux. Notre époque où les sentiments narrés dans ce roman sont si rares sert la construction miraculeuse du livre. En effet, Jean-pierre Montal échafaude  un excellent portrait  des moeurs contemporaines et où l’écriture brille sans forcer.

    Francois

  • La vie des spectres

    Patrice Jean

    Peut-on taxer ce livre de réactionnaire ? Pas si simple...

    Commençons par faire connaissance avec Jean Dulac, romancier jamais publié ou plutôt dont le premier et seul livre est introuvable. Un homme de cinquante ans, marié, un enfant, et qui écrit des articles un peu trop personnels sur un journal culturel nantais. Toujours membre du parti communiste mais pour un temps désormais compté, affable de prime abord mais coincé par son entourage qu'il ne comprend plus. Sa femme et son fils premièrement le renvoient à ses positions d'arrière-garde, de type un peu largué sur les moeurs de son temps.

    Il s'agit alors pour le lecteur de choisir son camp, pour ou contre Jean Dulac - qui n'est pas non plus une victime expiatoire.

    La vie des spectres ne donne pas de clé de lecture ostensible si ce n'est qu'il instaure un débat très ouvert sur le pouvoir de la culture voire de la lecture.

    Et la vie de Jean Dulac devient une odyssée où chaque rencontre est une performance depuis qu'il est devenu un portraitiste redoutable et redouté du journal Art&Spectacle.

    La chronique culturelle s'instaure comme une fable un brin rieuse, satyrique, ménageant une histoire d'amour à l'image de Jean Dulac : romantique.

    Francois

  • La douleur fait naître l'hiver

    Matteo Porru

    Coup de coeur

    De la neige à outrance

    Métier ? Déneigeur ! Où ? Quelque part en Sibérie... Là-bas, la neige recouvre tout. Et si l'on se met à l'enlever on découvre forcément des choses... C'est ce qui va se produire dans ce village imaginaire coincé au bord de la mer de Kara, celle que l'on trouve tout au nord de la Russie. Un lieu des plus perdus de la planète. Le village abritait la famille Legasov dont il ne reste plus qu'un seul représentant, Elia. Profession : déneigeur.

    C'est par une remarquable concision que Matteo Porru entame l'histoire des Legasov. L'isolement initial qui se dégage du livre se modifie peu à peu dévoilant une prospection subite menée par un étrange homme à la cravate bleu. Que comprendre de ces personnages aux dialogues elliptiques ? L'art de Matteo Porru réside dans une distillation poétique d'émotions. On pleure, on rit,on boit dans un froid capital.

    Jeu romancier de 23 ans, Matteo Porru est traduit en français pour la première fois. A propos de ce livre il confesse :

    "Tout a commencé au lycée, lors d'une explication de texte sur Dante. En lisant le chant du comte Ugolin, j'ai été frappé que l'on trouve de la glace dans l'un des endroits les plus profonds et les plus terribles de l'enfer. Dans mon esprit, ce lieu avait été toujours été un règne de feu et de douleur, mais jamais de glace et de solitude."

    Francois

  • Arctique solaire

    Sophie Van der Linden

    Coup de coeur

    Study from North Norway (Etude du Nord de la Norvège)

    Oui, on peut choisir un livre pour sa couverture. Pour Arctique solaire de Sophie Van der Linden, l'oeuvre d'Anna Boberg (1864-1935) intitulée Fishing Harbour with sunlit mountains exposée au musée national de Suède est déterminante. En effet ce roman révéle les conditions de la réalisation de ce tableau à partir d'un journal intime tenue par une femme exilée volontaire en Norvège sur les îles Lofoten.

    Ce texte est une confession, une tentative pour percer les mystères de la création quand celle-ci est confrontée à la représentation d'un paysage. Mais cette femme artiste écrit aussi à son mari une longue lettre d'amour et de remerciement pour avoir accepté cet éloignement.

    Arctique solaire retranscrit enfin l'immersion d'une femme dans un lieu qui lui est étranger, son attente des premières neiges et de l'hiver polaire puis des longs crépuscules qui autorisent des expositions au-devant de lumières exceptionelles. C'est ainsi qu'est né Fishing Harbour with sunlit mountains

    Francois

  • Les aventures de Lucky Luke d'après Morris : Les indomptés

    Blutch

    Coup de coeur

    Bang ! bang !

    Nous sommes d'accord, ce Lucky Luke n'est pas l'original mais il n'empêche, les attributs basiques du cowboy le plus...de l'ouest sont là !
    Un brin plus actif, un brin plus sollicité aussi et un brin plus drôle, oui !
    Premièrement, les enfants sont un problème et vont causer nombre de soucis à celui dont on ne sait toujours pas s'il a rencontré sinon l'amour au moins une femme.
    Deuxièmement, pourchasser gangsters, bandits et autre engeance reste la raison d'être de notre homme mais parfois cela pèse.
    Troisièmement, l'ouest, le vrai, est ici plus impitoyable que jamais.

     

    Francois

  • Vikings dans la brume Tome 1

    Wilfrid Lupano, Ohazar

    Coup de coeur

    Attention Vikings !

    Bien sûr nous avons Astérix (le gaulois) mais les vikings (dans la brume) sont apparus avec des moeurs à peu de choses près semblables et des Dieux à peu près équivalents.
    Reste l'humour construit sur des sketches qui reposent sur les mésaventures d'une tribu surgie d'un fjord. Tout cela devient vite addictif.
    Le chef, capitaine d'un navire parti à la conquête de pas grand chose sinon le pillage, et son fils, en apprentissage de "comment devenir barbare", écument avec un équipage consentant, des mers où les tempêtes font rage.
    Au-devant de ces éléments forcément contraires, le capitaine développe une philosophie obtuse et autoritaire. Sinon pourquoi l'appelerait-on Reidolf la main lourde ?
    Notons qu'Ohazar après avoir beaucoup dispensé son talent dans de nombreuses aventures humoristiques (les retraités, les grands parents, les pompiers, la bière..) a enfin rencontré le fameux Lupano (Loup en slip, Vieux fourneaux).

    Francois

  • Et moi, et moi, et moi

    Jacques Dutronc

    Coup de coeur

    Lard et cochon !

    Le problème avec Dutronc, ce sont ses lunettes, ses cigares et sa frange eternelle dont on ne ne sait ce qui se trouve derrière. C'est l'énigme Dutronc. Du lard ou du cochon ? Un peu des deux évidemment..
    Au moins découvrons-nous le personnage à ses débuts, un pur produit parisien qui baigne très vite dans un univers musical. Les anecdotes sont riches et parfois très drôle et les débuts du chanteur reflètent une époque à la fois dure et insouciante. Finalement c'est le cinéma qui l'emporte haut la main. Dutronc possède une fascination intacte pour le 7eme art et force est de constater que le bougre a joué avec les plus grands y compris ceux qui l'ont voulu et ne l'ont pas eu...
    Dutronc, donc, nous fait bien rire puis avec, certes parcimonie, dévoile (enfin) de quel bois il est fait.

    Francois

  • Marchands de sable

    Agnès Mathieu-Daudé

    Coup de coeur

    Riches, vous avez-dit riches ?

    Marchands de sable d'Agnès Mathieu-Daudé éditions Flammarion, 21 Euros.

    Savez-vous que la Sardaigne regorge de millionaires (l'été) ?     Il y a ceux qui choisissent le nord (on les devine depuis Bonifacio) et ceux qui élisent le sud pour la snobissime raison qu'il y en a trop au nord..
    Les "Marchands de sable", vous l'aurez compris, sont au sud. Ce sont les Signorelli, maîtres du roulement à bille niché, tels les grains de sable, dans l'industrie automobile voire l'armement..
    Des Signorelli nous découvrons, outre qu'ils bronzent le jour et boivent la nuit, que leur héritier - Paolo - s'est marié à une "francese". (C'est elle qui nous raconte l'histoire).
    Cette singularité plus ou moins acceptée par les parents de Paolo engendre quelques remous au sujet des enfants, notamment. Mais surtout, dans cette maison coupée du monde, on s'ennuie. C'est donc la "francese", Suzanne "en vrai", qui organise une sortie vers un lieu culturel. Paolo, leurs trois enfants s'égayent autour des ruines puis font la rencontre d'une jeune femme, une guide touristique qui, immédiatement, est attirée par Suzanne qu'elle souhaite revoir en tête à tête.
    Si le mode humoristique opère pleinement au début, peu à peu l'atmosphère devient plus pesante à mesure que Suzanne aborde l'histoire des Signorelli par leur face cachée (une fortune aux origines suspectes).

    Francois

  • Une si longue absence

    André Dubus III

    Coup de coeur

    Si loins, si proches

    Le temps n'y fait rien et le mal a meurtri les corps et les âmes mais Daniel Ahearn semble néanmoins y croire maintenant qu'il est vieux et libre : revoir sa fille Susan qu'il n'a connu que trois années, les premières.
    Une si longue absence va rembobiner le film de ces deux êtres séparés par un drame : le meurtre de Linda alors femme de Daniel et mère de Susan.
    Une si longue absence réclame de la patience mais le cheminement est indispensable pour affronter un mal si profond.
    Une si longue absence surprend par l'accoutumance qu'il y a à entendre deux voix si loins et si proches qui confessent l'extrêmité de leur moi et leur voeu de délivrance. Leur confrontation devient inéxorable et c'est peu de dire que l'auteur parvient à une fin dantesque.

    Francois

  • Comédie d'automne

    Jean Rouaud

    Coup de coeur

    Ha ! Les prix !

    Ha ! les prix ! les prix ! ces fameux prix d'automne après lesquels on court, que l'on soit auteur ou lecteur, libraire ou éditeur. Les voici démystifiés, remis à leur place par un de ses couronnés, un véritable champion qui obtint en 1990, le Graal, c'est à dire le Goncourt..
    Non, Jean Rouaud ne crache pas dans la soupe, les semaines et les mois de son récit en font apparaître d'autres quand justement l'auteur s'employait à obtenir une reconnaissance littéraire. Le passé familial qu'il mit en scène  avait alors pour département la Loire-Inférieure, il révélait une France ouvrière hantée par la première guerre mondiale.
    Ce premier livre accepté par les éditions de Minuit, dépassa toutes les espérances et devint dans la vie de Jean Rouaud connu alors dans la seule rue de Flandres (Paris 19eme) où il officiait comme kiosquier, une comédie qu'il reproduit, plus de trente après, avec une finesse - que l'auteur possédait déjà - et une acuité acquise après sa fréquentation des moeurs littéraires qui valaient et valent toujours du côté de Saint-Germain-des-près.. .
    Que tout cela puisse, au final, vous inciter à déguster ce festin littéraire, de bout en bout, sans restriction.

    Francois

  • Le ministre et la Joconde

    Franck Bourgeron, Hervé Bourhis, Hervé Tanquerelle

    Coup de coeur

    Trois mythes en un !

    Réjouissons-nous de pouvoir rire un peu d'une abracadabrante aventure qui se serait vraiment passée. 1962, la Joconde du grand Leonard embarque sur l'insubmersible paquebot France. A son bord le non moins fameux ministre de la culture de l'époque que chacune et chacun se devra de reconnaître. Une chose est sûre avec une personnalité pareille l'ennui n'est pas de mise. Mais pourquoi donc la Joconde s'en est allée sur le grand rafiot français ? Et qui d'autre encore se trouvait sur la légendaire ligne Le Havre - New-York ? Le plaisir est grandiose à feuilleter cet album "historique" pour une visite nostalgique s'il en faut du paquebot qui symbolisa les grandes heures de la France. Reste que la vedette ultime de l'histoire est encore à trouver..

    Francois

  • Les sources

    Marie-Hélène Lafon

    Coup de coeur

    Une famille décomposée

    Le lieu bien sûr compte beaucoup chez Marie-Hélène Lafon mais cette histoire concerne tellement de gens... La vie à la montagne n'est pas facile quand on vit dans une ferme. Le travail prend une place trop grande. Les bêtes et les champs sont de constants sujets d'inquiétude. Marie-Hélène connait parfaitement ces conditions de vie et il lui est aisée d'y creuser le cruel désamour qui s'est installé chez un couple. C'est la femme qui prend la première la parole. Nous l'entendons vivre sa misère et la détestation de l'homme responsable de son état. Car ce sont deux êtres ennemis qui s'évitent avec dans la zone dite neutre leurs trois enfants tous très jeunes. L'immersion est complète au travers de ce monologue dont les cris débordent sans qu'ils soient pour autant dits ou montrés.La haine est sourde et la violence ne transparait que dans les rapports conjugaux qui ont détruit cette femme.Heureusement elle est partie après avoir mené un combat avec la justice de son côté.

    Cela pourrait s'arrêter là si le deuxième volet des Sources n'ajoutait la voix de l'homme, des années après. Celui-ci a reçu sa part de destruction. Son sommeil n'est plus le même, ses pensées ne s'arrêtent plus dans une solitude désormais immense. Que parviendra t-il à sauver de cette ferme à qui il a consacré sa vie ? Comment le perçoivent ses enfants pour lesquels il a droit de visite un week-end sur deux et qu'il reçoit deux semaines par an pour les vacances ? Là encore Marie-Hélène Lafont est époustouflante dans les lamentations fières de cet homme tombé sous les coups du jugement d'un divorce.

    Les faits ont eu lieu dans les années soixante-dix et tout cela nous parait terriblement proche lorsque survient la douce note de l'un des trois enfants qui arrive,quand tout est terminé et que l'inéluctable s'est produit : la ferme a été vendue.

    Francois

  • Une archive

    Mathieu Lindon

    Coup de coeur

    A la mémoire du père

    Les éditions de Minuit n'ont pas été créée par Jérôme Lindon mais il en a indubitablement était la légende très au-delà de ce qu'il avait voulu au départ. Vingt ans ont été nécéssaires au plus jeune de ses fils pour écrire Une archive. Tout simplement parce que de l'aveu de l'auteur lui-même il aime prendre son temps. Peut-être cela cache t-il aussi le besoin de bien prendre en compte la trace laissée par ce fameux père dans l'univers du livre. Du plasticage de l'appartement parisien aux temps agités de la guerre d'Algérie à la lutte victorieuse pour le prix unique du livre, de la révélation au monde de Samuel Beckett (jusqu'à l'obtention du prix Nobel) à l'élaboration de l'école du nouveau roman (Robbe-Grillet, Simon, Butor, Pinget, Sarraute..), du premier Goncourt des éditions de Minuit avec L'amant de Marguerite Duras à la découverte d'un écrivain nommé Jean Echenoz, le chemin fut long et sinueux et il fut parfois difficile à Mathieu Lindon de surnager lorsque soi-même on aspire à devenir un auteur. Il n'empêche que ce livre au phrasé singulier pénètre dans l'intimité d'une famille, à la manière des Mann dont Colm Toibin avec Le magicien nous fait comprendre les engagements souvent risqués dans l'art et la politique.

    Francois

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