Mots du libraire
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Lard et cochon !
Le problème avec Dutronc, ce sont ses lunettes, ses cigares et sa frange eternelle dont on ne ne sait ce qui se trouve derrière. C'est l'énigme Dutronc. Du lard ou du cochon ? Un peu des deux évidemment..
Au moins découvrons-nous le personnage à ses débuts, un pur produit parisien qui baigne très vite dans un univers musical. Les anecdotes sont riches et parfois très drôle et les débuts du chanteur reflètent une époque à la fois dure et insouciante. Finalement c'est le cinéma qui l'emporte haut la main. Dutronc possède une fascination intacte pour le 7eme art et force est de constater que le bougre a joué avec les plus grands y compris ceux qui l'ont voulu et ne l'ont pas eu...
Dutronc, donc, nous fait bien rire puis avec, certes parcimonie, dévoile (enfin) de quel bois il est fait. -
Riches, vous avez-dit riches ?
Marchands de sable d'Agnès Mathieu-Daudé éditions Flammarion, 21 Euros.
Savez-vous que la Sardaigne regorge de millionaires (l'été) ? Il y a ceux qui choisissent le nord (on les devine depuis Bonifacio) et ceux qui élisent le sud pour la snobissime raison qu'il y en a trop au nord..
Les "Marchands de sable", vous l'aurez compris, sont au sud. Ce sont les Signorelli, maîtres du roulement à bille niché, tels les grains de sable, dans l'industrie automobile voire l'armement..
Des Signorelli nous découvrons, outre qu'ils bronzent le jour et boivent la nuit, que leur héritier - Paolo - s'est marié à une "francese". (C'est elle qui nous raconte l'histoire).
Cette singularité plus ou moins acceptée par les parents de Paolo engendre quelques remous au sujet des enfants, notamment. Mais surtout, dans cette maison coupée du monde, on s'ennuie. C'est donc la "francese", Suzanne "en vrai", qui organise une sortie vers un lieu culturel. Paolo, leurs trois enfants s'égayent autour des ruines puis font la rencontre d'une jeune femme, une guide touristique qui, immédiatement, est attirée par Suzanne qu'elle souhaite revoir en tête à tête.
Si le mode humoristique opère pleinement au début, peu à peu l'atmosphère devient plus pesante à mesure que Suzanne aborde l'histoire des Signorelli par leur face cachée (une fortune aux origines suspectes). -
Si loins, si proches
Le temps n'y fait rien et le mal a meurtri les corps et les âmes mais Daniel Ahearn semble néanmoins y croire maintenant qu'il est vieux et libre : revoir sa fille Susan qu'il n'a connu que trois années, les premières.
Une si longue absence va rembobiner le film de ces deux êtres séparés par un drame : le meurtre de Linda alors femme de Daniel et mère de Susan.
Une si longue absence réclame de la patience mais le cheminement est indispensable pour affronter un mal si profond.
Une si longue absence surprend par l'accoutumance qu'il y a à entendre deux voix si loins et si proches qui confessent l'extrêmité de leur moi et leur voeu de délivrance. Leur confrontation devient inéxorable et c'est peu de dire que l'auteur parvient à une fin dantesque. -
Croa ? Tu as peur ?
Une petite (énorme !) fratrie de petites grenouilles décide de partir à la découverte de ce qui se cache dans la grotte voisine. Et si ce qui est caché à l'intérieur avait aussi peur de ce qui se trouve à l'exterieur ?
Un album aux dessins doux qui s'adresse aux petits pour leur montrer qu'il ne faut pas avoir peur de ce que l'on ne connait pas.
Parfois, les grosses bêtes ont aussi peur de l'inconnu.
Laura.
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Préparez vos mouchoirs !
Kinal, jeune fille proche de la nature, qui entend le chant des arbres et des cailloux de la montagne, va voir sa vie basculer. Sa soeur, la belle Chadna est atteinte d'une maladie mortelle : "les fleurs de chair". Kinjal va essayer de surmonter cette épreuve à sa façon, grâce à la nature. Elle croisera le chemin de deux jeunes panthères des neiges, qu'elle essaiera de sauver.
Un roman fort et émouvant sur le lien spirituel qui relie deux soeurs à la nature.
A partir de 10 ans.
Laura.
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Le cambrioleur est de retour !
Lupin est de retour, un brin plus vieux et reprend ses anciennes passions : les cambriolages. L'objectif ? Trouver les trois joyaux qui, une fois réunis forment une clef unique. Le motif ? Aider un ancien rival à prouver l'usurpation de trois vils personnes. Le challenge ? Des ados comme apprentis qui ont chacun leur propre motivation.
L'aventure vous attend au tournant !
Laura.
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Ha ! Les prix !
Ha ! les prix ! les prix ! ces fameux prix d'automne après lesquels on court, que l'on soit auteur ou lecteur, libraire ou éditeur. Les voici démystifiés, remis à leur place par un de ses couronnés, un véritable champion qui obtint en 1990, le Graal, c'est à dire le Goncourt..
Non, Jean Rouaud ne crache pas dans la soupe, les semaines et les mois de son récit en font apparaître d'autres quand justement l'auteur s'employait à obtenir une reconnaissance littéraire. Le passé familial qu'il mit en scène avait alors pour département la Loire-Inférieure, il révélait une France ouvrière hantée par la première guerre mondiale.
Ce premier livre accepté par les éditions de Minuit, dépassa toutes les espérances et devint dans la vie de Jean Rouaud connu alors dans la seule rue de Flandres (Paris 19eme) où il officiait comme kiosquier, une comédie qu'il reproduit, plus de trente après, avec une finesse - que l'auteur possédait déjà - et une acuité acquise après sa fréquentation des moeurs littéraires qui valaient et valent toujours du côté de Saint-Germain-des-près.. .
Que tout cela puisse, au final, vous inciter à déguster ce festin littéraire, de bout en bout, sans restriction. -
Un chaleur réconfortante
Qu'il est bon de prendre un peu de distance avec les évènements du printemps 2020 ! Serge Joncour nous replonge dans la ferme des Bertranges, où l'on renoue avec tous les personnages ou presque de son précédent livre, Nature humaine (paru chez Flammarion). Alors que l'épidémie de Covid fait rage, les soeurs d'Alexandre reviennent se confiner à la ferme pour le pire d'abord et pour le meilleur ensuite. Les jeunes et les moins jeunes, tous dans l'obligation de cohabiter et affronter leurs démons, se retrouvent face à l'essentiel dans l'absurdité des évènements du monde. Serge Joncour signe ici une fresque familiale aussi légère que nécessaire.
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Au coeur de la montagne, au coeur de l'âme humaine
Le coup de foudre est bien au coeur du dernier livre de Pierric Bailly. Cette foudre là n'a pas l'effet immédiat escompté, elle frappe sans que John ne s'en apperçoive, accaparé par son quotidien de berger sur les plateaux du Haut Jura. Persuadé de prendre la bonne décision en projetant de changer radicalement de vie avec sa compagne Héloïse sur l'île de la Réunion, sa vie bascule le jour où il apprend qu' Alexandre, un ancien camarade de lycée, a commis un meurtre.
L'auteur dont la plume limpide et authentique transporte son lecteur aussi bien dans les reliefs montagneux que dans les moindres recoins de l'âme de John, livre ici un roman total sur l'amour imprévisible, les destinées bouleversées, les paradoxes de la mémoire. Son personnage d'une grande finesse psychologique n'est pas près de vous quitter.
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Adoptez tous les petits animaux !
Alors qu'il fuit son affreux beau-père tyrannique, Bobby fait une rencontre des plus surprenantes : un petit homme, tout droit tiré d'un film de Tim Burton, dont le "métier" est de ramasser les petits animaux morts. Bobby ressent instantanémment de la fascination pour cet homme, Monsieur Summers, dont les traits d'esprit et l'attitude rendent justice à ces bêtes abandonnées à leur triste sort.
S'ils ont été lâchement assassinés par les Hommes, ces petits animaux méritent vengeance... C'est au nom de la Justice que Bobby et Monsieur Summers agissent désormais, quitte à se lancer dans une quête des plus périlleuses.
Tous les petits animaux, tombé dans l'oubli, retrouve des lecteurs heureux grâce aux éditions de l'Arbre Vengeur. Walker Hamilton a écrit ce texte en 1968, et plus que jamais nous avons besoin de cette fantaisie, cette ironie et cet imaginaire jubilatoires.
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Trois mythes en un !
Réjouissons-nous de pouvoir rire un peu d'une abracadabrante aventure qui se serait vraiment passée. 1962, la Joconde du grand Leonard embarque sur l'insubmersible paquebot France. A son bord le non moins fameux ministre de la culture de l'époque que chacune et chacun se devra de reconnaître. Une chose est sûre avec une personnalité pareille l'ennui n'est pas de mise. Mais pourquoi donc la Joconde s'en est allée sur le grand rafiot français ? Et qui d'autre encore se trouvait sur la légendaire ligne Le Havre - New-York ? Le plaisir est grandiose à feuilleter cet album "historique" pour une visite nostalgique s'il en faut du paquebot qui symbolisa les grandes heures de la France. Reste que la vedette ultime de l'histoire est encore à trouver..
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Une famille décomposée
Le lieu bien sûr compte beaucoup chez Marie-Hélène Lafon mais cette histoire concerne tellement de gens... La vie à la montagne n'est pas facile quand on vit dans une ferme. Le travail prend une place trop grande. Les bêtes et les champs sont de constants sujets d'inquiétude. Marie-Hélène connait parfaitement ces conditions de vie et il lui est aisée d'y creuser le cruel désamour qui s'est installé chez un couple. C'est la femme qui prend la première la parole. Nous l'entendons vivre sa misère et la détestation de l'homme responsable de son état. Car ce sont deux êtres ennemis qui s'évitent avec dans la zone dite neutre leurs trois enfants tous très jeunes. L'immersion est complète au travers de ce monologue dont les cris débordent sans qu'ils soient pour autant dits ou montrés.La haine est sourde et la violence ne transparait que dans les rapports conjugaux qui ont détruit cette femme.Heureusement elle est partie après avoir mené un combat avec la justice de son côté.
Cela pourrait s'arrêter là si le deuxième volet des Sources n'ajoutait la voix de l'homme, des années après. Celui-ci a reçu sa part de destruction. Son sommeil n'est plus le même, ses pensées ne s'arrêtent plus dans une solitude désormais immense. Que parviendra t-il à sauver de cette ferme à qui il a consacré sa vie ? Comment le perçoivent ses enfants pour lesquels il a droit de visite un week-end sur deux et qu'il reçoit deux semaines par an pour les vacances ? Là encore Marie-Hélène Lafont est époustouflante dans les lamentations fières de cet homme tombé sous les coups du jugement d'un divorce.
Les faits ont eu lieu dans les années soixante-dix et tout cela nous parait terriblement proche lorsque survient la douce note de l'un des trois enfants qui arrive,quand tout est terminé et que l'inéluctable s'est produit : la ferme a été vendue.
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A la mémoire du père
Les éditions de Minuit n'ont pas été créée par Jérôme Lindon mais il en a indubitablement était la légende très au-delà de ce qu'il avait voulu au départ. Vingt ans ont été nécéssaires au plus jeune de ses fils pour écrire Une archive. Tout simplement parce que de l'aveu de l'auteur lui-même il aime prendre son temps. Peut-être cela cache t-il aussi le besoin de bien prendre en compte la trace laissée par ce fameux père dans l'univers du livre. Du plasticage de l'appartement parisien aux temps agités de la guerre d'Algérie à la lutte victorieuse pour le prix unique du livre, de la révélation au monde de Samuel Beckett (jusqu'à l'obtention du prix Nobel) à l'élaboration de l'école du nouveau roman (Robbe-Grillet, Simon, Butor, Pinget, Sarraute..), du premier Goncourt des éditions de Minuit avec L'amant de Marguerite Duras à la découverte d'un écrivain nommé Jean Echenoz, le chemin fut long et sinueux et il fut parfois difficile à Mathieu Lindon de surnager lorsque soi-même on aspire à devenir un auteur. Il n'empêche que ce livre au phrasé singulier pénètre dans l'intimité d'une famille, à la manière des Mann dont Colm Toibin avec Le magicien nous fait comprendre les engagements souvent risqués dans l'art et la politique.
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L'Espagne à coeur
Premier (véritable) livre de cet auteur et coup de maître ! Yves Harte, faut-il le rappeler, est un professionnel de l'écrit. Un journaliste que fut le rédacteur de Sud Ouest Dimanche. Ses lecteurs connaissent son esprit d'analyse, ses editos montraient des capacités critiques que l'on retrouve évidemment dans La main sur le coeur mais avec un ajout, un supplément d'âme, celle du narrateur/voyageur de retour sur sa terre d'élection : l'Espagne. A la faveur de la commémoration d'un peintre aussi important que Le Greco, Yves Harte reprend les chemins empruntés trente années plutôt avec son ami d'alors, Yves Veilletet. S'egrènent les chapitres où s'entrecroisent des personnalités qui tournoient autour de l'énigmatique tableau du Greco nommé El Caballero de la mano en el pecho... Ce portrait intrigue surtout lorsqu'on apprend qu'il fut attribué à deux personnes distinctes. Voilà de quoi revenir à Tolède et rencontrer le commissaire d'exposition redevable de la première identité du caballero puis se rendre à Madrid entendre cette fois la conservatrice du Prado qui soutenant une thèse contradictoire. Voilà pour le fil de l'histoire de La main sur le coeur qui soulève de fait un coin du voile de la grande histoire de l'Espagne. L'autre révélation se tient dans l'écriture de ce livre qui éléve une voix à la fois intimeet rigoureuse. Le secret véritable tient à la vie de ce narrateur qui s'esquive avant d'entrer dans sa propre histoire. C'est de cet attitude que se tient ce que l'on peut appeler la magie de ce livre qui tient au mystère de son auteur.
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Une tension à couper le souffle !
Cet oeil à la fois fatigué et déterminé est celui de Clémence dont le mari Cédric, soldat adjudant membre des forces spéciales envoyées en Syrie pour une opération militaire, a mystérieusement disparu dans une embuscade. De cet instant où elle apprend sa mort certaine, jusqu'à la fin, il est impossible de lâcher ce roman à suspens, aussi précis qu'édifiant sur les rouages des interventions secrètes menées à l'étranger dans le but de collecter des renseignements sur les djihadistes. Clémence, depuis la France, à bout de souffle et au bout d'elle-même,est dotée d'une force de caractère et d'un instinct protecteur de son foyer. Enceinte de quelques mois et déjà maman de trois adorables garçons, elle puise en elle tout ce qui est possible pour déméler le fil des évènements qui ont mené à cette embuscade. Et ce dans le but de retrouver celui qu'elle a epousé et auprès de qui elle a toujours accepté de "ne pas savoir" les missions qu'il menait. L'embuscade se lit aussi intensément que La décision de Karine Tuil, au plus près des émotions d'une femme portée par l'amour ses siens et le besoin de rendre justice.
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Coup de coeur
Casey Cep s'appuie sur toutes les sources possibles (notamment celles des divers procès) pour instaurer une enquête littéraire dans une affaire de mœurs. Le mystère reste entier : comment Willie Maxwell a-t-il échappé à la justice? Pourquoi Harper Lee n'a-t-elle jamais pu faire paraître un roman sur cette affaire, elle-même galvanisée par sa relation amicale -mais aussi rivale- avec Truman Capote?
Littérature et Histoire s'entremêlent dans un récit à suspens magistralement écrit pour qu'à aucun moment le lecteur ne se perde. Les Heures furieuses se lit comme un roman, basé sur une réalité qui, quarante ans après, ne cesse de passionner. -
Les tribulations d'un professeur candide bordelais !
Fraîchement titularisé, le rêve de Romain est de faire un pied-de-nez à ses parents en partant à l'autre bout du monde pour sa première affectation.
Manque de chance, un bug dans le logiciel de l'Education nationale l'envoie à Chaudezat, au fin fond de l'Auvergne.
Pétri d'idées nouvelles acquises lors de son apprentissage, Romain essaie d'y renouveler la pratique d'enseignement du français, en pronant l'interdisciplinarité, le loisir d'apprendre et les classes autonomes. Il se heurte à une façon de faire plus traditionnelle inculquée par la directrice du collège. Pour s'intégrer au corps professoral et à la vie auvergnate, il doit alors rogner sur ses principes. C'est dans cette confrontation à la réalité que se situe tout l'interêt du quatrième roman de Clément Benech. Dans une comédie drôle et humaine, Un vrai depaysement nous attendrit autant qu'il nous questionne sur nos désirs d'évasions et nos idéaux. Un vrai bol d'air pur à lire en ce début d'année!
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Un coup de coeur de la Librairie Générale
Tout commence dans un cadre idyllique, de ceux que nous recherchons pour nous épanouir dans la tranquillité et nous perdre dans l'horizon : une île paradisiaque.
Un monde grand et rien qu'à soi. Un monde dans lequel l'espace-temps s'étire tellement que l'homme au milieu se perd. Cet insulaire, tardivement nommé "Cathcart" par D.H Lawrence, possède et aime les îles. On sait par la structure de ce petit roman qu'il y en aura trois. Ce qui laisse présager que les deux premières ne sont finalement pas à son goût. Pour quelle raison? Tout le mystère et la subtilité de ce texte font de ce personnage un être inquiet et inquiétant. Si nous avions une île, voudrions-nous nous entourer de proches, d'inconnus? Cherchons nous la tranquillité permanente ou avons-nous besoin des autres? La nature si apaisante de prime abord devient pour l'insulaire puissante voire violente. Nous retrouvons par cet aspect l'auteur de L'amant de Lady Chatterley, véritable chef d'oeuvre, dans lequel la nature exacerbe les sentiments de deux amants.
En quelques pages, l'auteur anglais dresse le portrait d'un homme prisonnier de lui-même, de plus en plus vide et insensible. Sa quête permanente d'isolement se heurte aux frontières de toute présence humaine et naturelle, questionnant ainsi à merveille la société contemporaine. Une fable à lire et relire pour découvrir à chaque fois un aspect qui nous a échappé.
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Un coup de coeur de la Librairie Générale
Au lendemain de la Grande Dépression, la famille d'Ellie n'a d'autre choix que de quitter la ville pour s'installer dans la montagne. Le choc est rude pour ces citadins qui menaient jusque là une vie paisible. Dans la rudesse d'une nature sauvage, ils vont devoir construire leur maison de bois et apprendre chaque jour à utiliser chaque ressource qu'ils peuvent trouver pour se nourrir.
Contrairement à sa mère et à sa sœur, Ellie, jeune fille intrépide de 11 ans, s'accommode de cette situation et découvre peu à peu en elle un amour pour cette forêt qu'elle respecte profondément. C'est d'ailleurs en elle qu'elle puisera sa force lorsque son père tombera dans le coma suite à un accident. Et c'est encore elle qui la mènera à rencontrer la vieille femme du haut de la montagne que tous appellent la harpie ou la sorcière, et dont les pouvoirs pourraient peut-être l'aider à réveiller son père.
Dans ce roman dense et riche, où Lauren Wolk rend parfaitement la puissance des liens familiaux, Ellie évolue, grandit, s'ouvre à ce qui l'entoure et apprend à regarder avec son cœur devenant ainsi une jeune fille qui s'affirme et se construit un nouveau destin. -
Un coup de coeur de la Librairie Générale
Etre la dernière d'une fratrie est un statut un peu particulier. Surtout lorsqu'on appartient à une famille juive dont la fratrie est uniquement composée de sœurs. Et particulièrement lorsqu'on s'appelle Susie Morgenstern, née en 1945 dans le New Jersey, à Newark.
Lorsque nous la rejoignons, elle a 8 ans, écrit déjà, pose déjà "trop" de questions. Le grenier est son lieu favori, inondé de livres. Dernièrement, elle lit un journal, celui d'Anne Frank. Aussi, sa famille accueille des cousins venus de Pologne, qui auraient apparemment vécu l'"enfer". Elle, qui vient de perdre son grand-père, n'attend pas d'être grande pour comprendre la portée de l'écriture. Elle décide de ne pas s'arrêter aux concours d'orthographe de l'école et de rédiger une véritable histoire de sa famille.
Adaptation du roman de Susie Morgenstern écrit en 2015, cette Bande-Dessinée est une bouffée d'air frais. On y découvre une enfance heureuse, des parents bienveillants et deux sœurs excentriques et divinement drôles. Les couleurs, feutrées, joyeuses et douces, apportent une vivacité au texte, faisant de l'enfance cette parenthèse enchantée dans laquelle surgissent des questionnements fondamentaux, ici piliers de la création littéraire et artistique. -
Un coup de coeur de la Librairie Générale
Enzo, journaliste et dessinateur pour "Alternatives Economiques", s'est associé à deux économistes membres du CEPII (centre de recherche et expertise sur l'économie mondiale), Isabelle Bensidoun et Sébastien Jean, pour réfléchir à une façon claire et précise de parler du concept de mondialisation.
Voilà donc une bande-dessinée qui tombe à point nommé. Grâce à une mise en scène imagée de la conversation qu'ils ont eue tous les trois pour vulgariser au mieux ce concept, nous sommes plongés dans une notion qui concerne de façon permanente notre quotidien. D'où viennent les produits que nous consommons? Les entreprises sont-elles toutes mondialisées? La mondialisation favorise-t-elle la croissance économique? En nous resituant dans l'histoire, nous apprenons les étapes qui ont mené au monde tel qu'il est aujourd'hui, avec ses richesses et ses failles, pour nous interroger finalement sur l'avenir de la mondialisation.
Quoi de mieux en pleine crise sanitaire, et à un an des élections présidentielles, que de faire le point sur les dérives de ce système et les diverses solutions que nous pouvons y apporter? Le dessin d'Enzo adoucit parfaitement l'abondance des chiffres et statistiques. Tour à tour le lecteur s'immerge dans ces notions économiques, en escaladant une montagne, en faisant le grand huit, ou en montant à bord d'un bateau, le tout pour rendre encore plus indispensable notre questionnement sur l'économie mondiale.
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Un coup de coeur de la Librairie Générale
Mais pourquoi faut-il toujours passer ses vacances en centre de loisirs ? Telle est bien la question que Ware se pose alors qu'il croyait pourtant pouvoir enfin y échapper cet été. Las ! c'était sans compter sur les deux hanches cassées de sa chère grand-mère qui devait le garder.
De retour, une fois de plus, dans le terrible centre de loisirs où il est en plus prié de se faire des "Relations Sociales Enrichissantes", le grand garçon de 11 ans et demi qu'il est cherche par tout moyen une échappatoire... C'est ainsi qu'au cours d'une partie de cache-cache pour éviter la course d'endurance imposée quotidiennement, Ware découvre une vieille église, terrain de jeu idéal pour laisser libre cours à son imagination et surtout pour pouvoir être enfin seul. Du moins c'est ce qu'il croit jusqu'au moment où il découvre Jolène, elle aussi en quête de solitude et bien occupée à cultiver son jardin de papayes au pied des ruines de l'église.
Ces deux solitudes vont ainsi apprendre à "cohabiter", à s'apprivoiser pour finir par tisser des liens d'amitié forts. Voici donc un roman d'amitié à la fois simple et touchant !
Après Pax et le petit soldat qui avait notamment obtenu en 2018 le prestigieux Prix Sorcières décerné par l'Association des librairies spécialisées Jeunesse et l'Association des Bibliothécaires de France, Sara Pennypacker a, à nouveau, su trouver son public ! -
Un coup de coeur de la Librairie Générale
Combien il peut être difficile de perdre son meilleur ami. Surtout quand on découvre son corps et qu'au fil du temps on s'aperçoit que ce meilleur ami, on ne le connaissait pas si bien que cela finalement.
C'est ce que vit Elliot Parker, jeune homme de 18 ans poussé malgré lui à mener l'enquête sur le meurtre de Colton Crest, ou peut-être devrions-nous plutôt dire Daniel Heckerman, ce garçon qui, également malgré lui, menait une double vie. (...)
Ce roman dense et découvert sur Wattpad, réseau social désormais bien connu des "jeunes lecteurs connectés et dans le vent" saura prendre à coup sûr ceux qui ont déjà dévoré 13 reasons why de Jay Asher, best-seller à l'origine de la série sur Netflix. -
Un coup de coeur de la Librairie Générale
Chantal Thomas, nous le savons bien, a passé son enfance sur les rivages arcachonnais déjà contés dans son livre bien nommé Souvenirs de la marée basse où l’écrivaine suivait les pas ou plutôt les brassées de sa mère, infatigable nageuse qui délaissait sa famille pour des bains quotidiens aux abords des chantiers navals encore actifs dans les années cinquante à Arcachon.
Cette fois, le rôle du père apparaît, le résistant lyonnais subissant la volonté de sa femme de vivre au bord de l’eau. Il y avait chez lui une solitude qui l’entraînait sur son rafiot qu'il pilotait jusqu’aux passes où le poisson s’avérait présent. La jeune Chantal l’accompagnait dans le silence du clapotis, des heures durant, canne à pêche lancée dans le bassin pour le plaisir d’être avec son père qui préférait pour sa part la montagne avant la mer.
C’est pourquoi l’hiver 56 où la neige tomba dru, à Arcachon comme ailleurs, reste le moment absolu du livre de Chantal Thomas, celui qui révèle son père et elle-même à la pratique du sport d’hiver.
Les photos qui se sont glissées dans le livre sont frappantes par la netteté de tout ce qui fait la lumière atlantique et plus précisément celle du bassin d’Arcachon.
La dérive mémorielle de Chantal Thomas entraîne cette dernière jusqu’au Japon dont elle admire la poésie et la peinture.
De sable et de neige montre à quel point l’image transmet à l’écrit une puissance invocatoire qui, sans elle, aurait été rendue tout autre.