Ces dernières années, les multiples révélations sur les abus sexuels de ce dominicain ainsi que de son frère utérin le père Thomas Philippe ont brisé toutes les attaches qui me liaient à l'aura et au charisme de ce philosophe thomiste. Pire. La plupart des frères de Saint-Jean, tout au moins les plus caciques de cette communauté qui sont entrés en même temps que moi au début des années 80 furent, à leur tour, des prédateurs sexuels. Ces profanateurs ne se sont rien interdits. Ils reproduisirent à l'identique les mêmes mécanismes de domination et de sujétion que le fondateur pour imposer leurs violences sexuelles à des proies sélectionnées. Ce récit retrace l'histoire d'une imposture. Elle est l'un des plus grands scandales de l'Église contemporaine en France. Elle met en avant la prolifération des abus sexuels, d'autorité et de conscience. Surtout, elle interroge sur les conditions, au coeur de l'institution ecclésiale, de tout un système clos de pensée où l'embrigadement, l'obéissance absolue, le dévouement total, les réponses stéréotypées, la perte d'esprit critique, les affects pavloviens, les affaires de moeurs et les délits criminels, ont réussi à prospérer. Autant dire que je reviens de loin.
Pascal Rougé nous livre un témoignage inédit sur la communauté St Jean qui a fait la une de nombreux de journaux catholiques concernant les dérives et abus de son fondateur : "J'ai été dans une... secte, une secte catholique. Du moins, j'ai séjourné dans une Congrégation religieuse avec des dérives sectaires fortement majorées. Entré dans la communauté Saint-Jean en 1981 à vingt ans alors que je n'étais pas croyant, j'ai été sous l'emprise du fondateur, le père Marie-Dominique Philippe (1912-2006)."