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L'employe Du Moi
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Né Emilia, Emil ne s'est jamais senti femme. Le jeune homme trans prend la décision de faire une mammectomie pour enfin être à l'aise dans son propre corps. Un choix qui ne subissait aucun doute avant qu'il ne rencontre Lisa, sa nouvelle colocataire, qui, malgré ses allures de belle jeune femme pleine d'assurance, trouve que sa poitrine mériterait un petit ajustement. Entre l'ablation des seins de l'un et l'augmentation mammaire de l'autre, qui est le ou la plus légitime à passer par une intervention chirurgicale?? À travers une expérience concrète, Peer Jongeling raconte dans sa bande dessinée mi-fictionnelle, mi-autobiographique, le parcours d'une transition, d'une possible détransition et d'un nouveau départ. Construit à partir de réflexions intimes sur la dysphorie de genre, mais aussi de discours conscient des réalités vécues par les membres de la communauté LGBTQIA+, Emil·ia est un récit où cohabite les incertitudes, les trajectoires, les rêves et le sensible. L'épure du découpage, la force de l'évocation, de la symbolique et du second degré de cette jeune autrice allemande viennent adoucir les lignes d'une narration rigoureuse.
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New York, 15 juillet 1904, le PS General Slocum entreprend son dernier voyage sur l'East River en direction de Long Island. Alors que le fameux bateau à vapeur américain subit un incendie d'envergure, son équipage ne parvient pas à éviter le naufrage, entrainant avec lui la plupart des 1400 excursionnistes, majoritairement d'origine allemande. Il s'agit de l'une des plus grande catastrophe maritime civile de l'histoire des États-Unis à ce jour.
Jan Soeken, allemand lui aussi, nous raconte cet évènement historique sur le ton de l'humour noir. Ainsi, cette véritable tragédie tourne rapidement à la farce burlesque. Pour ce faire, il reprend étape par étape la chronologie d'une débâcle en centrant son récit sur des petits groupes de personnages. C'est le chaos à bord, du flegmatique capitaine au truculent révérend, des matelots aux passagers, il n'y en aura pas un pour sauver l'autre, ils sont tous aussi névrosés qu'incompétents. Slocum est une comédie de moeurs peuplée de « gueules » imparfaites qui siéent tout particulièrement au style, esquissé aux crayons, de l'auteur. -
Alors qu'une nouvelle antenne-relais est en construction aux abords de la ville, des morts inexpliquées se multiplient. La thèse de l'accident est rapidement écartée car auprès de chaque victime, est retrouvée une pierre parallélépipédique qui semble relier les affaires entre elles. S'il s'agit bien de meurtres, l'identité et la motivation de leurs auteurs (un tueur en série, des opposants fanatiques au projet d'antenne-relais ? ) restent mystérieuses.
Mais pour les autorités légales, il s'agit de rationaliser, de trouver des causes, de protéger l'industrie des télécommunications et de dénicher des coupables. Entre un mari énigmatique et en retrait et ses collègues lourdauds, la gendarme Loreleï Soares se fie à son instinct pour faire avancer l'enquête dont les premiers suspects sont un sanglier et un lynx. S'agirait-il d'une nouvelle étape dans la guerre ancestrale entre l'homme et la nature ? Auteur de nombreux ouvrages singuliers (chez Atrabile ou la Cinquième Couche entre autres), Thomas Gosselin s'associe à Isao Moutte au dessin pour ce polar énigmatique qui questionne habilement les rapports entre l'homme et la nature, la fragilité de leur cohabitation, les luttes de pouvoir et l'équilibre des forces.
Entre scènes d'action et pages contemplatives, La trêve, chérie livre un épisode tendu de ce face-à-face éternel et sans pitié. Le thème du rapport entre l'homme et la nature a été de nombreuses fois traité mais La trêve, chérie propose une tout autre approche. Construit sous la forme d'une enquête policière, le récit change régulièrement de rythme au fil des soubresauts de l'enquête ou des réflexions de ses personnages.
Les courses poursuites s'enchaînent avec les questionnements identitaires dans ce polar métaphysique qui ne se refuse rien, ni la symbolique limpide d'une écluse, ni les discours menaçants d'un perroquet. La trêve, chérie a quelque chose du tour de force car en un peu moins de 90 pages, il aborde, de manière brillante, originale et décomplexée, rien de moins que l'avenir de l'humanité et sa cohabitation avec la nature.
La richesse des textes de Thomas Gosselin joue d'ailleurs un rôle central dans cette réflexion et cet étonnant récit.